Ce projet de concert pourrait également s’intituler “Saint-Saëns & Friends” et s’imagine comme une exploration du « carnet d’adresse » du compositeur. Un carnet d’adresse qui passe par trois lieux essentiels : l’école Niedermeyer, où Saint-Saëns enseigna le piano à de futurs éminents représentants de la musique française – tels Messager, Audran, Fauré, Gigout..- qui devinrent par la suite ses amis, le salon musical de Marguerite de Saint-Marceaux – excellente musicienne dont il demanda la main mais que les parents de la jeune fille lui refusèrent – qui reçut, soutint et accompagna nombre d’artistes qui furent ses fidèles – Debussy, Messager, Hahn, Fauré, Ravel, Dukas, Chausson, Schmitt, Février, Messager, Falla… sans oublier Colette, Willy ou Proust – que Saint-Saëns fréquentait assidûment, et enfin la Société Nationale de Musique, que Saint-Saëns créa au lendemain de Sedan avec Romain Bussine et quelques compositeurs désireux de travailler à la promotion et la diffusion d’œuvres nouvelles – avec le soutien actif de Mme de Saint-Marceaux. Chabrier, Franck, d’Indy, Aubert, Pierné, entre autres, y dévoilèrent leurs créations. C’est à partir de ce tissu quasi géographique que le programme Folies 1890 se constitue, et permet de découvrir et redécouvrir un répertoire parfois rarement interprété. Depuis La Mascotte d’Edmond Audran et sa Légende des Mascottes à une page de la musique de scène pour la Tempête de Chausson, en passant par Fragonard de Pierné, Le Spahi de Lucien Lambert, L’Etoile de Chabrier ou un épisode du 2ème acte de la Phryné de Saint-Saëns (dont le compositeur confia l’orchestration à son protégé et ami André Messager) ou un air de la Mona Vanna de Février et même de la Claudine de Rodolphe Berger, Carnet d’adresses invite l’auditeur à un grand voyage parmi les musiciens proches de Saint-Saëns – ceux qu’il a formés, et dont il a aimé – ou parfois détesté – le talent, et ceux dont il a – parfois inconsciemment – subi l’influence.

– Christophe Mirambeau